Source : http://www.vea.qc.ca/vea/articles/peerless.htm
d’après Alain Reymond
Pendant la guerre de 1914-1918, à l'instar des autres constructeurs américains de l'époque, Peerless contribue à l'effort de guerre en produisant des camions et des blindés qui sont envoyés en Europe. A la suite de l'Armistice, les camions restants sont rassemblés en Angleterre, entreposés à Slough, dans le Berkshire. Ils sont graduellement vendus comme surplus de guerre. Certains sont même modifiés avec des mécaniques anglaises. C'est ainsi que les camions Peerless continuent de rouler en Angleterre bien après la fermeture de l'usine mère aux États-Unis.
Pour retrouver la marque Peerless, l'histoire nous fait faire un bond de 38 ans jusqu'en 1956. A cette date, à laquelle un hôtelier britannique du nom de James Byrnes, avide amateur de sport automobile, décide de construire sa propre voiture sport. Il s'associe pour ce faire avec l'ingénieux « préparateur » Bernie Rodger et ensemble, le duo porte son choix sur la mécanique Triumph. Pourquoi Triumph ? D’abord pour la robustesse de cette mécanique, ensuite parce que le restaurant de M. Byrnes se trouve à proximité de l'usine de Standard Triumph et que tous les dirigeants de la compagnie sont de fidèles clients ! Byrnes et Rodger se mettent donc au travail et conçoivent un châssis tubulaire habillé d'une belle carrosserie en aluminium dans laquelle repose la mécanique du roadster TR3. Le premier prototype donne d'excellents résultats et le deuxième est exposé au Salon de Paris de 1957 où il impressionne, entre autres, les dirigeants de Triumph. Ces derniers décident de fournir au duo les éléments nécessaires à la production en série.
Reste à trouver une usine et c'est là que le hasard intervient en menant nos hardis entrepreneurs à se porter acquéreur d'une concession Jaguar en faillite du nom de Peerless Motors qui n’a aucun lien avec la marque américaine. Se souvenant de la belle réputation des voitures Peerless aux États-Unis et souhaitant y exporter leur future voiture sport, James Byrnes, Bernie Rodger et un nouvel associé décident d'adopter le nom Peerless, abandonnant ainsi la marque Warwick qu'ils avaient déjà retenue.
C'est donc ainsi qu'est née la Peerless 2-Litre GT britannique dont les trois premiers exemplaires sortent de l'usine en mai 1958. Délaissant la carrosserie en aluminium jugée trop coûteuse, la Peerless s'habille d'une élégante robe sport en fibre de verre. Montée sur un empattement plus long que celui de la Triumph TR3, la Peerless GT, un coupé quatre places, favorablement accueilli par la presse automobile, se vante d'être la voiture sport du père de famille. Reste à prouver la compétence de la voiture sur route et son endurance. Ne reculant devant rien, les audacieux créateurs de la Peerless optent pour le test suprême : les 24 Heures du Mans. Avec l'appui technique de Triumph, une Peerless prend donc le départ de la célèbre course mancelle en 1958 et, à l'issue d'une course courue presque entièrement sous la pluie, la Peerless termine 16ème au classement général et 1ère de sa catégorie. C'est le triomphe et les ventes de Peerless Cars Ltd décollent.
En 1959, la Peerless Phase 2, plus légère et plus rigide, est exportée aux États-Unis en version conduite à gauche. Mais malgré le succès commercial naissant, Peerless est secouée par des luttes intestines qui finissent par miner la confiance des fournisseurs et de la clientèle.
En 1960, c'est la faillite. Mais Bernie Rodger s'obstine et réussit à se séparer du groupe pour créer la Warwick, qui succède ainsi à la défunte Peerless. Deux voitures de démonstration débarquent en Amérique du Nord, l'une à New York et l'autre à Toronto, mais une fois de plus, les conflits de direction mettent fin à l'entreprise. Au total, près de 70 Peerless et Warwick sont exportées en Amérique du Nord dont plusieurs existent encore et quelques-unes participent à des courses de voitures anciennes.