Jacques Piollet est le frère de Michel, un des membres de la section Auvergne du Triumph Club de France qui a eu la gentillesse de nous recevoir au cours d'une sortie arverne. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir au fond d'une grange les moules de carrosserie d'un prototype plutôt original. En voici l'histoire...
Jacques Piollet eut très tôt la passion de la mécanique. Rien d'étonnant dans une famille qui avait le culte de l'automobile. Dès l'enfance, il construisit des karts et des voitures dont les archives familiales gardent le souvenir en photographies. Après des études à l'École d'Horlogerie de Besançon, Jacques Piollet partit pour l'Algérie, sous les drapeaux. Il en revint avec les plans d'un coupé « Grand Tourisme » et la volonté de le construire, ce qu'il fit pendant cinq années, de 1961 à 1965, dans une grange de la propriété paternelle en Auvergne.
La mécanique est basée sur des éléments Peugeot, marque fétiche de la famille : moteur de 404 Peugeot « gonflé » avec un carburateur double-corps Weber sur tubulure Autobleu, pont avant de 403, arbre de transmission de 404 raccourci, fabriqué sur mesure par Peugeot grâce au frère aîné de Jacques, Gérard Piollet, qui était ingénieur à Sochaux. La boîte de vitesses également d'origine 404 est commandée par un levier « au plancher », ce qui était inédit chez Peugeot à l'époque. L'architecture est originale : châssis en treillis de tubes carrés soudés, plus « proto » que GT. La carrosserie est en résine de polyester armé de tissu de verre, réalisée sur un moule fabriqué à la main, conception très novatrice en ce début des année soixante. Le style est proche des Ferrari GTO de l'époque... la grande classe !
Au moment de faire homologuer la voiture par le service des Mines, Jacques Piollet n'avait pas pensé à un nom de modèle. Il eut l'idée d'additionner les chiffres des années de conception et de construction : 61+62+63+64+65=315. La Piollet 315 « épata » la France de 1966, elle eut les honneurs de Paris-Match, de Top Magazine et de nombreuses revues d'automobile. Jacques Piollet fut interviewé par le journaliste Michel Péricard pour une émission de télévision de l'ORTF, alors dotée d'une unique chaîne en noir et blanc.
Début 2012, soit presque 50 ans après ses premiers tours de roue, le prototype Piollet a eu les honneurs de Rétromobile où il trônait sur le stand des constructeurs sans patente.
Aujourd'hui, la Piollet 315 roule toujours.
PS : Le pare-brise est un élément très technique et extrêmement onéreux dans le budget d'un prototype unique, aussi se tourne-t-on vers un élément existant, ici c'est celui d'une Volfswagen Kharman-Ghia.
Sources : recherche sur internet avec comme critère : « automobile piollet »