25ÈME TRIUMPH EVENT À MORZINE
du 8 mai au 12 mai 2013
Le Triumph Event 2013, vingt-cinquième du nom, s’est déroulé à Morzine, en Haute-Savoie et dans les environs. Les organisateurs, Dominique Prieur et Cyril Fessy, ont particulièrement réussi cet événement majeur de l’année Triumph : excellent hôtel dont le bar, à l’emplacement stratégique, a été particulièrement achalandé, très beaux parcours, cols sympathiques, mais pas trop hauts vu les nuages, visites sympas : Yvoire, Château de Ripaille, Gorges du Diable, Sixt-Fer-à-Cheval et soirée de gala très « Cabaret » ! Et il a moins plu que l’année dernière, le contraire eut été impossible !
Prologue
De rémission en cure de jouvence, la TR a mis encore un an pour se remettre de l'Event 2012. La décennie 30 s'était close sur un trou fromager, voir chapitre 1. La décennie 40 s'ouvre en 2012 sur un festival de résurrections en tous genres qui ne s'est pas démenti en 2013, respectant en cela le principe de Lazare. Lazare de Béthanie, pas Lazare Carnot, le criminel des guerres de Vendée.
Je me répète, mais je maintiens que la vie est constituée d'événements totalement indépendants autant qu'inséparables. Je fus tiré de mes problèmes de santé en 2012 au moment où la TR sortit d'Estreux avec un châssis refait. Mais de même que je retombai dans les problèmes, la TR fut aussi prise de rechutes et nous en sortîmes enfin ensemble en avril 2013, quelques jours avant l'Event de Morzine. On ne plaisante pas avec le Karma.
A ce propos (d'arbre à carma), les choses ont encore changé. Mon camarade Jean-Christophe Rigaut, ayant fait les choses comme il faut, nous avons fini par tout démonter pour noter les gravures sur cet arbre de malheur, d'où il ressort (de soupapes) que ce n'est pas un Sprint 88 mais un Kastner D, sorte de « fast road » américain optimal en calage statique à 110° au lieu du 103° de base. Dont acte.
En avril, j’en suis là. La TR continue bêtement ses blocages de carbus dans les embouteillages mais le moteur ronronne et prend ses tours. La PCV ayant été revue, le moteur ne souffle plus autant mais crache d'enfer au-delà de 4.500 tours. Bon, on verra plus tard. Comme Marie-Christine vient avec moi, le pare-brise est remonté et la capote doublée est en place. Les portes sont toujours équipées de « side-screens », détail navrant pour une TR4 et sur lequel je ne m'étendrai pas. Cette année encore, le prologue s'étend sur trois jours car nous avons décidé de descendre dans le sud en étapes gastronomiques et plus si affinités.
Mardi 7 mai
On part de notre base habituelle, Coye-la-Forêt, haut-lieu picard des traditions familiales, mécaniques et autres. La tradition qui consiste à quitter l'autoroute au plus vite pour enquiller la N6 est dûment respectée vers Joigny et la Bourgogne se déroule sous nos roues, à vitesse raisonnable, histoire d'échapper au racket policier des radars et modulée par l'expectative culinaire du soir. Pour le racket, je ne suis pas très bon et je recevrai après Morzine deux nouveaux PV, genre 92 pour 90, montrant que quel que soit le système politique en cours, le banditisme institutionnel se porte bien.
On passe par Arnay-le-duc, avec un souvenir ému de notre passage « Chez Camille » en un autre temps. Le temps est splendide et la N6 mémorable, voire nostalgique. Nous faisons étape à Nolay, ce qui explique ma référence du début à Lazare Carnot qui en est natif. Nolay est un petit village proche de La Rochepot, célèbre pour abriter le garage Fourrier, une bonne adresse pour les anciennes, et une chambre d'hôtes mémorable, le « Clos des quatre saisons ». La patronne a tenu un restaurant à Lausanne avant de prendre une demi-retraite ici et la table vaut l'hôtellerie. Je signale en passant que toutes mes bonnes adresses sont sur le forum du Triumph Club de France, sous-forum « les bonnes adresses », comme de juste. Nolay compte aussi une excellente cave qui fait dans les Bourgognes de bon aloi, notamment le Maranges, un cru trop peu connu. Il y a aussi des halles du XIIIème, mais ce n'est pas le sujet. Je rends visite au garage Fourrier. Le patron me montre une Renault NN, une Simca 5 et une Porsche 356, avant de me raconter sa dernière virée à Magny-Cours. Nous sommes entre gens du même monde... Le diner est mirobolant mais la balade en ville me conduit à une retraite anticipée devant le poulet aux morilles pour cause de coup de chaleur. Vu le printemps qu'on a eu, il faut le faire.
Mercredi 8 mai
Il fait beau alors on ne décapote pas. Décapoter au soleil, c'est bon pour les bobos. On attendra une température plus vivifiante. On continue la N6 qu'on quitte pour l'A39 puis l'A40, car la route de Nantua je l'ai faite deux fois et on ne m'y reprendra pas à glandouiller derrière les retraités du coin qui zigzaguent en voiture sans permis. A Annemasse, retour sur des routes humaines pour arriver à Morzine sans problèmes. Sans problèmes à part trouver l'hôtel, signalé par le plus petit panneau que le président Chazaud ait pu trouver, histoire de nous mettre dans le bain du « road-book ». Hôtel très bien, vaste, déco façon chalet, diner correct, on est contents. Certains ont des soucis de salle de bains, on parle d'une baignoire fracassée lors d'un meurtre au fusil à pompe, je ne cherche pas à en savoir plus.
On retrouve un certain nombre d'anciens et des nouveaux. Bruno étrenne un « tonneau cover » neuf sur sa TR. Il me remplace dans le rôle du décapoté permanent et je lui en suis reconnaissant. Je note une forte représentation internationale et plus seulement des Suisses : on a des Anglais, des Belges. Le contingent auvergnat monte en puissance, bientôt on aura même des Aveyronnais.
Jeudi 9 mai
Comme on a un jour d'avance, pour cause de 8 mai férié, on gagne la possibilité d'un tour gratuit dans les montagnes du coin. Le bureau avait prévu le coup et a concocté finement un tour qu'on ne peut justement pas faire pour cause de brouillard et de neige sur les cols.
Bonne raison pour se rabattre sur le « Chalet du bout du lac », excellent établissement tenu par Mr et Mme Garnier (téléphone : 04.50.74.70.98) où l'on peut déguster les poissons et les entrecôtes du lac de Montriond. Une bouteille de Mondeuse décède brutalement, à la satisfaction générale.
Au retour, une durit de radiateur de toute confiance, présente sur le moteur depuis plus de 30 ans explose dans la cour de l'hôtel. Gros succès d'estime.
Juste après et probablement à cause du liquide de refroidissement, je n'ai plus de jus aux instruments du tableau de bord. Je tripote quelques contacts et ça revient. Allez savoir.Reste la durit. Bien évidemment je réaliseque mon kit de secours prévu pour le voyage est resté bien rangé sur une étagère du garage. Manquait plus qu'à le mettre dans la voiture. Passons ...
Heureusement Lex est là et me tend sans un mot une durit de rechange. Soulagé quand même. Pendant la réparation, Didier l'embrouille se propose de m'abriter avec son parapluie, dans le but hilarant de me crever un œil avec une des baleines. Plaisirs d'âme simple. Cet exploit nécessite une tournée qui sera la marque de l'Event : Apérol pour les dames, Jupiter pour les messieurs, voire Picon-Jupiter pour les plus atteints.
Vendredi 10 mai
Les choses sérieuses commencent. Nous sommes presque 75 et le rallye est divisé en deux groupes, rouge et bleu. MC et moi sommes dans les rouges, ce qui peut surprendre mais n'est que pur produit d'un hasard passager autant que fortuit.
Nous descendons la vallée vers Thonon, pour tourner vers Lullin, puis le Col de Cou, Fessy, Bonnatrait et enfin Yvoire. On est content d'Yvoire, parce que dans la montagne ce n’était pas le cas. Le temps ressemblait à celui du Pays Basque l'an dernier, en moins pluvieux mais plus nuageux. En bref, on n'a pas vu grand-chose. A Yvoire, on visite. C'est un joli village médiéval, pas défiguré et bien conservé. La visite est agrémentée d'une conférence par Madame Carret, ce qui était inévitable (Yvoire et Carret). Après ces facéties, bon déjeuner au « Vieux Logis ». J'apprécie une friture de perches du lac avec un Mâcon-Villages de chez Loron et fils, de bonne tenue.
Le soir, fondue aux quatre fromages. Didier l'embrouille me bassine avec la justification historique de la présence de pommes de terre avec la fondue et le déglaçage au kirsch. Vu que je m'insurge (du Kirsch? Pourquoi pas de l'essence ?) le Didier migre sur un sujet où l'incompétence me réduit au silence : le vélo, objet de mon abomination depuis toujours.
Samedi 11 mai
Un nouveau tour façon « pluie et brouillard » nous emmène visiter le château de Ripaille. Le temps se décoince et on peut visiter tranquille. Dégustation du cru local, bon mais pas inoubliable et déjeuner au château. Un convive de notre table va discrètement se procurer deux bouteilles de rouge du château, histoire d'éviter le tord-boyau du traiteur et le déjeuner en est transfiguré. Qu'il soit ici remercié de sa généreuse et judicieuse initiative.
On poursuit par la route des cols vers Monthey, lieu de résidence de nos amis Frances et Edouard Burkhalter et pendant ce temps la météo s'améliore sérieusement, jusqu'au soleil. On suit le Rhône jusqu'au lac et on revient en longeant la rive jusqu'à Thonon. Très joli, pas trop de voitures. On rentre par la Dranse de Morzine, une route qu'on commence à bien connaitre.
Samedi soir, soirée avec animation. Ce n’est pas trop ma tasse de thé, en dépit du talent certain de la chanteuse et de la bonne volonté de Cyril Fessy qui révèle un talent méconnu pour le cabaret et les frous-frous. Ceux qui y étaient, racontez aux autres. Je rappelle que je n'ai aucun monopole sur l'Event et que chaque participant est libre d'envoyer son compte-rendu personnel. Ça serait même assez drôle de comparer.
Dimanche 12 mai
Promenade du matin par Tanninges et Samoëns. Le temps est plus que moche mais le peu qu'on voit de notre destination pour le déjeuner d'adieu, Sixt-Fer-à-Cheval, est absolument splendide, falaises et cascades vertigineuses à gogo. On se sépare avec un blues léger, comme chaque année, et nous prenons la route jusqu'à Ozenay, en Bourgogne. Très joli hameau avec un château un peu en déshérence, mais d'une paisible bucolicité. Ce terme existe vraiment et est employé par Georges Perros dans une lettre à un ami à propos de Septeuil, lieu de naissance de la célèbre maison Beta-set. Le monde est petit, ou c'est moi qui fais ma Ségolène (je m'enfonce dans l'alzheimeritude).
Ozenay est aussi connu pour son restaurant, le Relais d'Ozenay (http://www.le-relais-dozenay.com/), tenu par un ancien chef de Loiseau à Saulieu. Que dire ? Cuisine exceptionnelle, vins superbes, prix tellement raisonnables et honnêtes qu'on relit l'addition à deux fois. On rentre à pied vers la chambre d'hôte, profitant des dernières lueurs pour admirer encore le château.
En conclusion, avec du soleil ça aurait été un des trois meilleurs Events de mon souvenir avec Issoire et Florac. Quoiqu'au fond, il y ait beaucoup d'ex-aequo dans les trois premiers. Bon hôtel, bon « road-book », beaux parcours, bons à-côté (confitures, miel, saucisson...). Le Triumph Club de France maintient son niveau, merci aux organisateurs (Dominique, Cyril et Jacques) et au bureau. A l'année prochaine, s'il reste des points sur mon permis.