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Pour beaucoup de participants, le petit village de Quillan, inconnu jusque-là et blotti au fin fond du département de l’Aude, c’est loin ! Très loin même, vous diront nos amis anglais, suisses, alsaciens et bretons pour ne citer qu’eux. Beaucoup de nos amis arrivent avant le début officiel de l’Event, qui débute désormais par l’assemblée générale du club. Mais ce n’est pas une raison sérieuse pour étendre notre manifestation emblématique du week-end de l’Ascension à la semaine complète.
Quillan - centre du monde
Dès mercredi, les Triumph commencent à arriver, souvent en vrombissant, parfois juchées sur des remorques, histoire de ménager leur mécanique. Le vaste domaine de l’Espinet bien tranquille s’anime. Accueil oblige, le chef du restaurant fait des prodiges pour servir dans la bonne humeur les nombreux repas non prévus. C’est déjà l’événement avant l’Event.
Inquiets, les organisateurs scrutent le ciel. Le temps est « variable » comme disent les spécialistes de la météo, les averses alternent avec les éclaircies. Heureusement, les jours suivants, il cesse de pleuvoir dès le petit déjeuner terminé, la pluie laissant place à un vent souvent déchainé.
Dans les stands
Les responsables de ce vingt-sixième Event et quelques bonnes volontés sont déjà à l’œuvre. Il est facile de les reconnaître car ils arborent une belle chemise aux armes du club, estampillée « Staff ». Fini l’anonymat, bonjour les responsabilités. Au travail, il faut préparer les cadeaux, un véritable inventaire à la Prévert. On entasse ainsi dans plus de cent-vingt sacs une magnifique serviette multicolore et une sacoche bien pratique siglées Triumph, une paire de cordons bleus dont personne ne devine encore l’utilité, la traditionnelle plaque de rallye et un magnifique Road-Book précis et sans erreur, une première ! Enfin, histoire de lester les sacs, on y ajoute une pile de prospectus divers et variés vantant la cité médiévale de Carcassonne, les châteaux cathares et… la blanquette de Limoux. Sylvain, notre émérite boutiquier en chef, mobilise son équipe de charme et installe son échoppe, bien décidé à faire prospérer son petit commerce.
Que la fête commence !
Jeudi après-midi, avant l’assemblée générale, une foule compacte envahit le hall d’entrée. Pour beaucoup, ce sont les retrouvailles annuelles. Nos charmantes hôtesses accueillent les arrivants : bisou-bisou, enregistrement, remise du sac, distribution des badges, affectation dans les groupes. L’animatrice du complexe hôtelier, la dynamique Isabelle attribue aux équipages leurs bungalows respectifs, disséminés dans la nature. Ainsi, fait exceptionnel pour un Event, on ne profite pas du spectacle des quelque cent-vingt voitures rassemblées. On se demande même où sont passés les Triumph
Les « eventistes » sont satisfaits des bungalows ou des studios, la formule plaît, même s’il faut parfois prendre sa Triumph pour rejoindre le restaurant. Beaucoup de ces dames, profitent de l’absence de leur mari absorbé par l’assemblée générale pour aller aussi sec barboter joyeusement dans la piscine.
Jeudi soir, l’effectif est au complet et c’est le premier repas officiel. Plus de deux-cent personnes dans une salle de restaurant non insonorisée, l’ambiance est bruyante. Côté décibels, nous sommes servis. Heureusement, les participants apprécient la qualité des mets et de l’efficacité du service. Vendredi matin, pour le premier petit déjeuner en commun, c’est un peu plus compliqué. Nous vivons un remake du grand embouteillage de Lapalisse. Les files de porteurs de plateau mal réveillés se croisent et se recroisent. Malheur à celui qui a oublié quelque chose !
Mais entrons dans le vif de l’Event. Le Groupe rouge se rend vendredi à Carcassonne et à la cave de Limoux, puis va visiter samedi les châteaux cathares. Le groupe bleu fait l’inverse. La symétrie a son charme !
La ville haute de Carcassonne
Après un joli parcours au milieu des vignobles, nous atteignons le parking qui nous est réservé. Nous y abandonnons nos voitures. Nous ne sommes pas seuls à visiter Carcassonne sous un beau soleil. Les marchands du temple sont bien là et la concurrence avec le Mont-Saint-Michel est féroce. Pour nous qui aimons tant « monter dans les tours », nous regrettons qu’ici ce soit payant !
C’est en petit train touristique que nous faisons le tour des remparts, puis le groupe se disperse à l’intérieur des hauts murs de la cité. Ce ne sont pas les restaurants qui manquent et comme il fait beau, tout le monde déjeune en terrasse. Certains d’entre nous, poussés par une curiosité morbide, vont visiter le musée de l’inquisition où quelques scènes de torture hyper réalistes leur rappellent le sort peu enviable des hérétiques. D’autres, plus madrés, font une brève incursion dans le discret hôtel de la Cité et découvrent un petit paradis insoupçonné avec de splendides jardins suspendus. Certes, le prix du café est hors normes, mais la visite de ce havre de luxe et de paix justifie un petit effort financier.
Il est temps de récupérer nos voitures. Visiblement, le gardien du parc ne dispose pas de la lumière à tous les étages. Il est incapable de réagir selon l’accord passé avec les organisateurs. Il s’ensuit une gentille pagaille, mais nous en avons l’habitude et tout se termine dans la bonne humeur.
Rendez-vous à Limoux
Pourtant assez vaste, le parking de la cave de Limoux arrive tout juste à endiguer le flux de Triumph qui monte inexorablement. L’alignement des voitures est loin d’être parfait et le reflux est difficile.
Au terme d’une visite commentée, tout à la gloire du vignoble local, nous savons désormais tout, tout, tout sur la blanquette. C’est ici que des moines, tout dévoués à leur noble mission, la fabrication du vin de messe, auraient découvert la technique de vinification du vin pétillant. Et cela bien avant que ce triste plagiaire de Dom Pérignon ne se targue d’être l’inventeur de ce divin principe en Champagne. Les équipages de cette région apprécieront ! Heureusement, la dégustation, allez savoir pourquoi, apaise la polémique.
D’aucuns font quelques provisions afin de regarnir leur cave, mais la taille exiguë du coffre des Triumph est un redoutable obstacle à la vente. En quittant les chais, le Triumph Club de France remet à chaque participante une bouteille de Blanquette de Limoux, puis à chaque participant une bouteille de vin blanc du cru.
Le soir, de retour au domaine de l’Espinet, c’est le « debriefing » de la journée et le « briefing » pour le lendemain. Debout sur une murette, les « grands » organisateurs de cette fête, Georges l’arverne et Alex le batave, nous dévoilent une chorégraphie inattendue, petits pas-de-deux, la partition originale de Georges en français étant rejouée aussitôt en anglais par Alex. Vous qui connaissez notre club, allez savoir pourquoi beaucoup de participants n’ont pas attendu la fin de la prestation de ce duo improbable pour se ruer sur l’apéritif local, devinez lequel, le vin du cru, qui l’eut cru !
Quéribus : bienvenue au centre aéré
Le lendemain, en tous cas pour le groupe rouge, en route pour les châteaux cathares. La route est belle, mais un vent terrible a chassé les nuages, un vent à décorner les Stag ! C’est le week-end de l’ascension, bien nommé, car nos voitures escaladent la montagne jusqu’au pied du château de Quéribus, perché sur son aiguille rocheuse. Les plus courageux continuent à pied la redoutable montée jusqu’à la forteresse. Le vent diabolique s’engouffre entre les murs et réussit à faire chuter quelques-uns de nos alpinistes d’un jour, sans bobo heureusement.
D’autres, moins téméraires voire plus prudents, attendent patiemment l’ouverture du bar implanté sur le parking. Mais ne soyons pas médisants, surveiller les voitures, voilà une noble tâche qui mobilise finalement pas mal de monde. Tiens, tiens…
Le vent rageur a fait voler un grand nombre de casquettes Triumph, une aubaine pour la boutique le soir venu. Mais personne ne nous avait informés que le mystérieux petit cordon bleu, ressemblant à une paire de porte-jarretelles, était en fait une attache réglementaire, conforme aux normes européennes les plus pointilleuses, destinée à priver les casquettes de toute velléité d’indépendance. Faute d’une séance d’instruction préalable, on trouvera sans nul doute l’an prochain beaucoup de bergers arborant fièrement la casquette de notre club.
Cucugnan
En fin de matinée, la plupart des voitures dévalent la petite route qui mène à Cucugnan, petit village dominé par son célèbre moulin, patrie du fameux curé si bien conté par Alphonse Daudet. Petit rappel du scénario :
« Voyant son église désertée, le père Martin, curé de Cucugnan, monte en chaire et raconte à ses paroissiens une bien étrange histoire : il s’est d’abord rendu aux portes du Paradis et n’y a rencontré aucune âme du village. Il fait le même constat devant les portes du Purgatoire. C’est finalement en Enfer qu’il a découvert les Cucugnanais. Après ce sermon effrayant, le père Martin retrouve ses ouailles ».
C’est un petit rappel pour que les moins littéraires d’entre nous puissent enfin briller dans les salons. Rappelons-leur aussi que les « Lettres de mon moulin », ce n’est pas le numéro du moteur de leur Triumph.
Puis c’est l’heure du déjeuner, tout en bas au fond de la vallée, dans la salle polyvalente de Maury. L’histoire se répète et l’impossible exploit est à nouveau réalisé : garer un essaim de Triumph dans un espace toujours trop petit, avec beaucoup de bonne volonté et quelques jurons à l’appui. Mais passons à table ! La grande salle est bien insonorisée et l’ambiance est très conviviale.
Château de Peyrepertuse et gorges de Galamus
On repart du minuscule village de Maury pour emprunter une route de montagne fort pentue qui nous mène jusqu’au pied de la forteresse de Peyrepertuse. Quelques Triumph chauffent, mais sans gravité. Un injecteur de TR6 récalcitrant mobilise toute une équipe et nous rappelle un vieil adage : « un expert un avis, deux experts contradiction, trois experts confusion ». Enfin traquée, la bulle d’air coupable est décoincée et l’onctueux six-cylindres retrouve une mélodie moins saccadée.
La visite du château, que dire, de la cité perchée, est plus longue que prévu. Grâce au vent, la nature sauvage s’enrichit de quelques nouvelles casquettes.
Lâcher plus de dix voitures dans les gorges de Galamus relève déjà de l’exploit. Mais quand plus de soixante Triumph décident de disputer l’étroite route sinueuse à une horde de motards sûrs de leur droit, à un troupeau grégaire de cyclistes et à quelques touristes égarés là sans savoir ce qui les attendait, la réussite d’un tel pari relève du prodige. Félicitons les organisateurs, là encore, le pari impossible est tenu. Au-delà du slalom permanent entre les murets, les gorges de Galamus offrent un spectacle exceptionnel. Traverser ce défilé en cabriolet anglais décapoté est un moment de bonheur à ne surtout pas manquer. Tout le monde reste ébaubi devant l’ermitage de Saint-Antoine, construit on ne sait trop comment dans le repli d’une falaise abrupte.
Nous débouchons hors du défilé rocheux. Encore quelques kilomètres de petites routes ensoleillées au milieu des vignes et c’est le retour au camp de base. Nous croisons à cette occasion un important convoi d’autos d’avant la première guerre mondiale. Eh oui, nous ne sommes pas les seuls à partager la passion des voitures anciennes.
Soirée de gala
Tradition oblige, samedi soir, c’est la grande soirée, le point d’orgue de l’Event. C’est l’heure des discours, assez brefs pour le plus grand bonheur de tous. C’est le moment de la remise des prix aux équipages les plus emblématiques. C’est l’occasion de remercier les organisateurs. Mais ces derniers ont placé le curseur très haut, aussi faut-il vraiment les remercier ? Nous poserons la question aux organisateurs du prochain Event, qui sont d’ores et déjà confrontés à un challenge presque impossible.
Un de nos amis anglais prend la parole, avec un accent rauque indéfinissable. Il est théoriquement traduit par un compatriote francophone, mais son accent est tellement plus marqué que celui de l’orateur que personne ne comprend. C’est un vrai gag, Laurel et Hardy n’auraient pas fait mieux ! Peter, Alex, où étiez-vous ? Heureusement, tout le monde a fini par comprendre que c’est le Triumph Club de France qui a été retenu par la communauté Triumph pour organiser l’Euromeeting 2017. C’est un grand honneur et une lourde responsabilité.
La fête continue. Nos amis de Haute-Loire, déguisés pour l’occasion en pandores, viennent dresser un procès-verbal fort à propos aux organisateurs, venus polluer la tranquillité de la belle Quillan endormie. Avant de lâcher la foule impatiente devant les bars bien garnis, nous assistons à un fabuleux spectacle féodal de magie, danses, flammes et lévitation à l’appui. Puis c’est un rush mémorable sur l’apéritif, du vin local bien sûr. Il s’ensuit un dernier dîner au domaine de l’Espinet, suivi d’une longue soirée. Quelques couples rejoignent la piste de danse jusqu’à une heure avancée de la nuit.
Au cours de cet Event, le domaine de l’Espinet fait une découverte qui lui servira sans aucun doute à améliorer sa gestion des stocks fort mise à mal, c’est la quantité incroyable de bière qu’arrivent à ingurgiter nos amis britanniques et autres amateurs, d’autant plus que cette consommation ne diminue en rien celle des vins de pays.
La cité médiévale de Mirepoix
Il fait très beau dimanche matin et nous partons vers la jolie cité de Mirepoix. Les routes de l’Ariège sont quasi désertes et c’est un plaisir que de rouler cheveux au vent dans un paysage splendide. Marga et Alex, vêtus de leur si seyant gilet jaune, orchestrent de manière magistrale le placement des Triumph au centre de la cité médiévale de Mirepoix. Cette fois-ci, toutes les voitures sont rassemblées. Quel plaisir de les voir se répandre dans les vieilles ruelles au milieu des maisons à colombage.
Beaucoup de curieux se penchent sur les voitures. Comme à l’accoutumée, plusieurs voitures jouent les starlettes, la frêle et élégante Italia venue de sa lointaine Bretagne bien sûr, mais aussi la colossale Triumph TR6 diesel « powered by BMW », jusqu’où ira-t-on ? Un roadster TR3 britannique, immatriculé DSK, fait peur aux conductrices de la jolie petite Spitfire qui le précède, elles en tremblent encore ! Enfin et ce n'est pas un gag, le seul véhicule en panne est la dépanneuse, mais si ! Mais les meilleures choses ont une fin et il est temps de reprendre la route.
Un dimanche à la campagne
Au terme d’une vingtaine de kilomètres sous le soleil et des paysages fort sympathiques, nous atteignons le domaine Gayda, terme de notre voyage. Un endroit magnifique, avec une porte d’accès monumentale et une allée digne d’un conte de fées !
Un comité d’accueil efficace place les Triumph en épi, entre les ifs majestueux. Les photographes amateurs s’en donnent à cœur joie. Et que dire de la salle de restaurant magnifiquement dressée ainsi que de la terrasse ensoleillée, où les commentaires vont bon train en dégustant un très bon Crémant.
Profitons de ces moments magiques !
Un déjeuner d’excellente qualité et vers 15 heures, il est temps de se séparer à regret. Quelques échanges de numéro de téléphone, de mail, les embrassades rituelles et nous voilà de nouveau dans nos « anciennes » pour le trajet de retour.
A refaire
Un grand cru que ce vingt-sixième Event ! Merci encore à Marga et Alex qui ont su, avec enthousiasme, nous faire découvrir leur pays d’adoption.
Et si vous désirez découvrir l'odyssée des bretons accourus au Triumph Event, cliquez sur leur emblème, l'incontournable « gwen-ha-du » !
Enfin, nos amis de la région Rhône-Alpes nous proposent leur vidéo de ce Triumph Event si réussi.