Cliquer sur les photos pour les agrandir.
Chapitre 1
« A moi Auvergne, voila Anglet ». « Les Basques ont une longue tradition de production de tissages Catalans ». Jules Michelet, historien.
« Car, encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre quarante jours et quarante nuits, et j'exterminerai de la face de la terre tous les roadsters que j'ai faits ». Genèse VII 4.
Prologue
La TR avait mis presque un an pour se remettre de l'Event 2010. 2011 fut encore pire, au point qu'il n'y eu pas de Chapitre 6 aux aventures de la TR, le TCF étant parti sans moi faire des trous dans le gruyère. Comme tous les Suisses vous l'expliqueront, seuls les Français croient qu'il y a des trous dans ce digne fromage. La décennie 30 se clôt donc sur un trou fromager tandis que la décennie 40 s'ouvre sur un festival de résurrections en tous genres, qui renvoie Lazare et Vlad Dracul au rayon des Galas Karsenti.
En ce temps-là, votre serviteur s'en allait de plus en plus percé, son organisme aussi devenait idéal. Visiblement, la TR se prenait les rayons dans l'ordre des choses et dans son agonie me refilait le rôle du portrait de Dorian Gray. Et foin d'une simple vidange/graissage pour résoudre la situation ce coup-ci. Last but not liste (hein?), ma dernière acquisition, une splendide Austin Seven 1935 « Ulsteroid » carrossée tout alu par Rod Yates fit exploser son moteur.
A partir d'octobre 2010, ce ne fut donc qu'une longue suite de réparations, et pas toutes remboursée par la Sécurité Sociale.
La vie étant constituée d'événements totalement indépendants autant qu'inséparables, vous ne serez pas surpris d’apprendre que je fus pratiquement tiré de mes problèmes de santé en mars 2012, que l'Austin fut réparée en mars 2012 et que la TR elle-même fut prête au mois de mars 2012. Dans ce dernier cas, une interprétation sommaire des circonstances pourrait amener à accuser les délais nécéssaires pour refaire l'allumeur, ressouder le châssis et recaler l'arbre à cames. Mais moi, au bout de 40 ans, je sais ce qu'il en est. On ne plaisante pas avec le Karma.
A propos d'arbre à carma, j'ai bien un « Sprint 88 », comme je l'ai toujours cru et pas un quelconque « fast road » comme on l'avait pensé un moment en 2010-2011. Mon nouveau camarade de jeu, Jean-Christophe Rigaut, ayant fait les choses comme il faut, l’arbre à cames est optimal en calage statique à 103°. La suite logique fut une fastidieuse partie de cache-cache avec les pièces et les réglages des carbus, dont je vous passe la narration par le menu. Seul compte le résultat final pour servir d'enseignement aux générations futures : c'est avec le matériel d'origine qu'elle marche le mieux.
En mai, j’en suis là. Ca se passe assez bien, la voiture pisse un peu l’huile mais moins qu’avant et de toutes façons, ça sort par le joint du palier arrière, donc c’est normal. A part un bête incident de blocage de carbus dans un embouteillage, le moteur ronronne et prend ses tours mais je la joue fine. La PCV ayant été revue, le moteur ne souffle plus (ou presque). Comme Marie-Christine vient avec moi aux Events, le pare-brise est remonté et la capote a été doublée en chachlick mercerisé. Les portes sont maintenant équipées de side-screens, un détail navrant sur lequel je ne m'étendrai pas. Cette année, le prologue s'étendra sur trois jours, car nous avons décidé de descendre dans le sud en étapes batifoleuses, et plus si affinités.
Lundi à Mercredi 14-16 mai 2012
Il fait beau. On part, direction La Roseraie à Neuville de Poitou. Les chambres d'hôte dans un hôtel particulier du XVIIIème, ça me va, surtout avec un bon diner. On continue vers Bordeaux pour voir des copains. Etape repos de deux jours à Eysines. On discute photographie, on visite Andernos et les nouveaux quais de Bordeaux. Temps superbe, coup de soleil. On verra la suite... Le moteur va bien, les sides-screens tiennent impecc. Je reste à 120 (3500 rpm) tout le temps et je me fais flasher comme de juste. C'est la vie. La capote doublée maison est géniale côté bruit.
Je règle un peu la pression d'huile, trop haute. les carbus sont OK. Bruits bizarres finalement identifiés comme résonance de bruits moteur dans le cache-culbu spécial en alu, résonances qui n'existent pas avec le cache en tôle d'origine. Ben tant pis. Au fil des km, je pense que l'additif ZDDP que j'ai mis dans l'huile fut un bon achat et Dieu sait si les additifs sont bidons pour la plupart. Cela dit c'est logique de remettre dans l'huile les additifs historiques que les pétroliers ont enlevé pour gagner de l'argent. Donc, content. La consommation d'huile sera d'un verre en 2400 km.
Jeudi 17 mai
On part d'Eysines le jeudi matin pour Anglet. On arrive à l'Hotel Chiberta. Je ne fais aucune réflexion oiseuse et tout le monde m'en sait gré. Il y a une Caravelle dans le parking... c'est normal, c'est normal. A priori, on est très bien logés. Nous sommes presque 200, ce qui n'est pas simple à gérer. Il devient impossible de connaitre tout le monde, ce qui commence à poser problème pour le compte-rendu. Les Suisses sont là comme d'habitude, fidèles au rendez-vous. Enfin le TR Register UK montre de plus en plus son intérêt pour l'Event. Charly me montre sa nouvelle TR3, une version siliconée à la Mad Max. J'adore.
Le soir, pot d'accueil, où je retrouve Didier Laurent dit "Didier l'embrouille" et Madame (Marie-Claude pour les messieurs). Activités diverses à base de Bandas et zakouskis. Je rencontre Phil Tucker du TR Register. Phil est venu en TR3A. Il conduit une TR7V8 (ne revenons pas là-dessus) en rallyes sportifs et a aussi une TR3S replica (http://www.tr-register.co.uk/forums/index.php?showtopic=24796). Je rencontre aussi Chris Hale (TS2, la TR2 avec des guêtres). Enfin, je rencontre des habitués du forum TCF. Ils ont la bonté de considérer le forum avec bienveillance. C'est super de dépasser les relations « web » pour faire vraiment connaissance. Je suis un peu cassé à 22h, aussi je vais me coucher. Savouret, c'est plus ce que c'était ....
Vendredi 18 mai
Je découvre le road-book le plus faux du monde. A dater de 2012, Tif et Tondu (Charly et Marc) sont interdits de road-book. On avait l'habitude au TCF, mais là c'est le pompon. Un tour à pied dans St Jean de Luz montre une profusion de pharmacies. Tout s'éclaire quand on voit l'âge des résidents.
On file sur Ascain. Il pleut un peu. On passe en Espagne pour déjeuner avec un mouton mort. Vu le road-book, tout le monde se plante vers la Venta du Carrelage alors qu'on ne voit vraiment pas l'intérêt de carreler une Triumph, même avec la météo du jour. Je m'explique pour le mouton: c'était un agneau quand le camion l'a écrasé mais le temps qu'il arrive au restaurant, le cadavre avait atteint l'âge d'un mouton. Je pense que c'est un camion qui l' a tué, mais c'était peut-être les franquistes.
Balade vers Ainhoa et Espelette. Il pleut toujours. J'évite l'écomusée, ayant déjà vu des brouettes. On rentre. Au diner, Dave Massey joue de la cornemuse: au point où on en est, on ne risque plus rien. Dave sait maintenant pourquoi les bérets sont étanches. Je demande aux Anglais, très habitués à la pluie, pourquoi les Triumph sont si peu étanches. Réponse: "Normal, elles ont été conçues pour l'exportation". Didier Laurent très en forme me conte les mérites respectifs des grands bourgognes, comme le Baloche-Corton et le Puligny-Montbraquet. C'est son problème.
Samedi 19 mai
Il pleut toujours. On va sur Cambo les Bains visiter la Villa d'Edmond Rostand, le père du biologiste qui confondait les grenouilles et les sandwiches. Il pleut de plus en plus. On déjeune au Col de Gamia. On visite Saint Jean Pied de Port, puis super balade dans les montagnes. Dommage qu'on ne voie strictement rien. J'arrive quand même à voir qu'on n'a pas été nombreux à faire le grand tour par Dantxarinea. C'est drôle, on est 93 voitures et on a roulé seuls ou presque les trois-quarts de l'Event. On redescend sur Anglet: rond-points, gendarmes couchés, zones commerciales. On ne peut pas dire que la zone côtière soit aussi belle que l'arrière pays. Je dois un coup de chapeau aux Basques: ils conduisent bien, c'est pas fréquent.
Au diner, je rencontre Margaret (je me comprends) et Guy Lacôme, le spécialiste vidéo du forum avec son épouse. Martine Lacôme me propose un superbe néologisme pour la couleur "powder blue" des TR d'usine, le jeu de mot avec "baby blue" étant intraduisible, Martine propose "bleu dragées" qui rend bien compte du double sous-entendu. Dont acte, c'est dûment enregistré. En soirée, discours des présidents: badges, outils mémoriels divers, bouteille de fendant du Swiss TR. Merci André Rossier, la tradition est respectée. Best of show, le Roadster 2000 et deuxième, la Herald d'Hélène Rovel, première main, 47 ans d'anecdotes. La Triumph comme on les aime. Bizarrement, aucune de ces deux voitures n'apparait sur le listing des engagés, je ne peux donc m'assurer du patronyme exact des conducteurs. Désolé.
Didier l'embrouille se surpasse dans un échange de haute volée à propos de rosé et de troubles intestinaux induits avec Jean-Claude Vif qui n'en peut mais. Je fais celui qui n'est pas là. D'ailleurs je vais me coucher, vu qu'il pleut trop pour fumer un cigare.
Dimanche 20 Mai
Il pleut toujours. On monte à Hasparren par la route impériale des Cîmes. Arrêt café à Bardos et on redescend déjeuner à l'auberge d'Ugne, vers Urt près de l'Adour. Après un bon déjeuner, on se sépare. Nous partons pour Casteljaloux par la route des écoliers. De hameau désert à village improbable, la route se déroule sous un ciel de plomb. On passe à Mescoules, je ne fais aucune réflexion oiseuse et tout le monde m'en sait gré. A Casteljaloux nous attend une superbe chambre d'hôte (A la ferme de Souliès) en première étape du retour. On sèche un peu. Je suis enrhumé. La pluie continue. Direction Paris. En attendant, vous pouvez revoir le programme et consulter la liste des participants.