2021 - Auvergne - Sortie de printemps

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Sortie de printemps dans le Cézallier magistralement organisée par Pascal et Patrice samedi 12 juin 2021
 
RETROUVAILLES

Ils sont venus, ils sont presque tous là ! Quel beau convoi que ces dix cabriolets décapotés ! Après des mois de confinement, c’est un grand bonheur de se retrouver sous un soleil d’été en ces derniers jours du printemps ! Nous sommes dix-huit amoureux de voitures anciennes, au volant de cinq Triumph, deux MG, une Morgan, une Porsche et enfin une Caravelle. Certains ont un bien grand mérite : ne viennent-ils pas des lointains confins de l’Allier ou du Velay ? Belle preuve d’attachement à notre club.

Se voulant modernes, nos organisateurs n’ont pas hésité à rompre avec les traditions du passé. Les participants se retrouvent donc à la boulangerie « Marie Blachère » d’Issoire. L’option « drive » peu conviviale ayant été écartée, nous prenons un petit déjeuner style « cash and carry » en terrasse, au cœur d’une nouvelle zone commerciale moderne où il s’avère difficile de garer et protéger sa voiture à l’heure d’affluence du samedi matin.

Le premier objectif de notre périple est de visiter des jardins historiques, tout proches d’Issoire. Avec Pascal en éclaireur et Patrice en serre-file, le convoi s’ébranle pour un très bref parcours.

CHÂTEAU D’HAUTERIVE

Cet ancien château dont les origines remontent au Xème siècle surplombe la Couze Pavin, il domine la cité d’Issoire et ses environs. Il est réputé pour ses quatorze hectares de jardins, réhabilités au début du XIXème siècle.

Seules les cinq Triumph ont droit au parvis du château pour une photo qui, espérons-le, fera honneur à la revue de notre club, le Triumph Express. Les autres voitures paissent tranquillement dans le pré voisin.

La propriétaire du château nous fait visiter les lieux. D’entrée, elle nous interdit de parler des chenaux qui défigurent le noble bâtiment. Sans doute ces tuyaux étaient conformes aux habitudes d’époques révolues, mais ils illustrent avec humour l’incohérence des décisions successives de l’administration. Mettre un bâtiment historique d’antan aux normes d’aujourd’hui relève de l’utopie, c’est l’inaccessible étoile de Don Quichotte !

Mais passons côté jardins. Ces derniers ont beaucoup souffert de la tempête de décembre 1999, suivie de quelques autres intempéries presqu’aussi dévastatrices.

Nous découvrons un mélange de jardins à la française alignés au cordeau, de belles allées rectilignes bordées d’arbres taillés, enfin de bosquets sauvages ou sommairement aménagés. Point de poissons rouges dans le bassin circulaire, les algues vertes ne seraient donc pas le privilège exclusif de la Bretagne.

Les grands carrés de l’esplanade accueillent soit des pelouses, soit de beaux potagers fleuris. On pourrait presque y organiser un grand tournoi de tennis sur gazon, un Wimbledon à la française en Auvergne s’il vous plaît !

On aborde ensuite la partie plus sauvage : attention, un carré de sous-bois sommairement aménagé peut en cacher un autre : la futaie n’est pas toujours futée. De surcroît, à flâner sous les chênes, nous risquons de passer pour des glands. Mais force est d’admirer charmilles, frênes, tilleuls, ormes, charmes, pins de Corse et autres, tout cela ne nous laisse pas de bois ! Noblesse oblige, on donne des noms aguicheurs style Trianon à des bosquets sauvages mal taillés, abritant un piédestal par-ci, une chaise isolée par-là… C’est le cas de la « Chambre d’amour ». Ah l’écologie : verts à l’allée, vers au retour !

Au terme de notre périple jardinier puis forestier, retour au château. Le lavoir et l’abreuvoir font l’objet d’un double bassin, faisant penser à une piscine avec son grand et son petit bain. Côté abreuvoir, c’est aujourd’hui la pêche aux algues vertes. Aujourd’hui à sec, le lavoir ne servait que deux fois par an pour les grandes lessives, espérons qu’il n’en est plus de même aujourd’hui.

On visite les caves, le coup des foudres est particulièrement réussi. Les nouveaux pressoirs ont broyé les plus anciens, ainsi va la vie ! On découvre l’entrée de la glacière sous un soleil ardent, mais cela ne nous a pas rafraîchis. Il nous a manqué de puissants projecteurs pour apercevoir le fond de la cavité. Peine perdue, avec le réchauffement climatique, la banquise souterraine auvergnate a définitivement disparu.

La promenade est plutôt longue et notre colonne a bien du mal à rester groupée, la visite traînant un peu trop. Force est de constater que certains d’entre nous sont allergiques à la discipline en général et à toute contrainte même légitime en particulier. Par amitié ou par prudence, on taira leur nom.

Notre guide maîtrise à merveille l’art de délayer son discours, ce qui agace certains visiteurs, d’autant plus que sa logorrhée est interrompue par des trous de mémoire difficiles à combler. Le temps défile…

BLESLE

Enfin, c’est l’heure de la photo sur le grand escalier, derrière la bannière du club. Regrouper les dix-huit amis présents sur quelques gradins relève de l’exploit. Effrontés, les grands s’installent devant et les petits se dissimulent derrière. Les participants enfin recadrés par le Shérif, c’est notre guide qui prend le cliché historique.

Après avoir emprunté une route verdoyante puis la vallée ombragée qui serpente le long de l’Alagnon, nous atteignons « La Bougnate », restaurant emblématique de Blesle. Sur la terrasse, trois sympathiques tablées de six convives et l’incontournable Kir nous accueillent. Côté gastronomie, nous bénéficions des critiques avisées de l’émérite maître-queux Pascal assez bienveillant et de l’éminent œnologue Gilles plus exigeant. Santé à la clé, Chantal et Georges nous quittent pour répondre à l’appel du vaccin.

LE CÉZALLIER

Au moment de repartir dans leur rutilante Morgan, Claudine et Patrick font un constat alarmant : « le plein est vide », grande imprudence dans ce Cézallier désertique. Leur voiture arrêtée côte-à-côte avec celle de Pascal, ils entament une longue conversation, bloquant la chaussée sans vergogne, nonobstant les coups de klaxon impérieux du reste du convoi, troublant délibérément la sieste des habitants. Et cela dure, dure…

Nous profitons de petites routes inattendues et de vues panoramiques sur un horizon dégagé. Nous traversons Anzat-le-Luguet et découvrons que ce tout petit village d’une centaine d’âmes s’est doté de chicanes et autres gadgets à la mode pour casser la vitesse, comme dans les grandes métropoles. Vu l’étroitesse de la route et le trafic local, même un samedi ensoleillé de juin, on est en droit de se poser des questions sur la pertinence de ces aménagements.

Nous nous arrêtons pour découvrir à pied la cascade de Terrisse. Si son accès présente quelques difficultés, l’effort est récompensé par la beauté du site et une délicieuse fraîcheur. Était-ce une raison pour annoncer un temps d’excursion divisé par deux ? Mais cela s’explique : le bruit court que l’un des organisateurs aurait renoncé à reconnaître le parcours pédestre. Le professionnalisme se perdrait-il ? Les plus courageux marchent jusqu’à la cascade, les autres restent prudemment auprès des voitures, sait-on jamais !

Nous avons droit à la traditionnelle consultation mécanique. Dès que l’on soulève un capot, à l’instar de jupons, tous les hommes se précipitent et émettent des avis pas toujours partagés. L’ultracrépidianisme (demandez à Madame Wikipédia ou à Monsieur Google) a encore de beaux jours devant lui.

Après une courte dernière halte pour regrouper le convoi et admirer le paysage, c’est le moment de redescendre vers des régions moins désertiques. Pascal conseille à Gilles de rouler fort pour décrasser sa Triumph TR6 dont le moteur ratatouille parfois. Et c’est parti ! Quelques téméraires se risquent à les suivre à une allure plutôt musclée, heureusement que le trafic est quasi inexistant. C’est un avant-goût des étapes de montagne du prochain tour de France : deux furieux talonnés par trois autres échappés, suivis au loin par un peloton magistralement contrôlé par Christiane et Patrice. La recette de Pascal a porté ses fruits, la voiture de Gilles, enfin bousculée, ronronne de bonheur.
Nous passons devant le parc animalier d’Ardes-sur-Couze. Prudents, les organisateurs ont décidé de ne pas le visiter, de peur qu’on ne laisse pas ressortir certains d’entre nous. Ont-ils eu raison ? Rassurés, nous nous laissons glisser vers le fond de la vallée.

POT DE DÉTENTE

Le club est un habitué du bar « Le Paris » de Saint-Germain-Lembron. Nous apprécions son vaste parking et l’accueil sympathique qui nous y est réservé. Faute de pouvoir réaménager la terrasse comme d’habitude, nous prenons de légères libertés avec le protocole sanitaire, d’aucuns auraient même vu des fauteuils et chaises changer de table.
L’entreprenante serveuse a oublié qu’il est bienséant de s’attirer en priorité les faveurs du nouvel animateur de région, quel crime de lèse-majesté ! Elle a ciblé par erreur l’ancien responsable pour renverser délibérément un verre sur lui, mais dans sa précipitation elle a visé un peu haut. Elle s’emploie alors à effacer énergiquement les traces de cet épanchement sans doute pas si innocent que ça. Ah, l’audace des jeunes femmes d’aujourd’hui !

A très bientôt

Au terme de cette belle journée, c’est la séparation et chacun s’en retourne à ses pénates, heureux de cette belle journée, encore sous le charme des vastes panoramas du Cézallier.

Grand merci aux pâturages verts, aux sommets qui les entourent, au ciel bleu, au soleil et… aux organisateurs.