Un stage de mécanique
ou comment regarder sa voiture autrement...
par Christine Donval
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Nous y voilà donc, prêts à mettre les mains dans le moteur et avoir du cambouis jusqu'aux oreilles ! Nous, la troisième promo de chanceux propriétaires d'une Triumph, heureux de pouvoir enfin soulever notre capot sans faire une crise d'urticaire ! Mais avant d'afficher ce sourire du connaisseur, il faudra souffrir pendant quatre jours à coup de durite, allumage, réglage, régime, piston... Enfin le grand jour, rendez-vous était fixé : 9h au lycée Jenatzy - Porte d'Aubervilliers - à Paris 18ème le mardi 2 avril.
Dans l'atelier, nous accueillent Régis et Ludovic, nos « profs » avec le café et les croissants... Après un bref tour de table sur nos connaissances, nos besoins et nos attentes... le top départ est donné ! Accrochez vos ceintures et ouvrez vos esgourdes car enfin nous allons tout savoir sur nos voitures : qu'un moteur quatre cylindres est le pire des moteurs, qu'il est équipé de cylindres à chemise humides. Pour faire bref, on est mal barrés avec nos moteurs !
Donc nous voilà partis dans les méandres du moteur et tous ces mots qui font un peu froid dans le dos : piston, culbuteur, palier, chambre, bielle, alésage, course, PMH, PMB, couple... Ce qui est très agréable, c'est que nos instructeurs savent se mettre à notre niveau de connaissance et les explications sont limpides et claires comme de l'huile neuve ! Donc pas de stress, on répète, on fait des schémas, on va directement voir sur un moteur et ils en ont des collections... Il reste encore des questions, des doutes, non ? Et bien parfait... Allez hop, on met les bleus, on lève le capot et on dépose le cache-culbuteurs, on enlève les bougies sans oublier de repérer l'ordre des bougies : 1-3-4-2 !
Tout d'abord un peu de théorie sur les moteurs en général et le nôtre en particulier et tout ce qui va avec pour le faire fonctionner. C'est comme ça que nous apprenons que nos moteurs sont des moteurs à arbre à cames latéral, ce qui n'est pas folichon au niveau du réglage des culbuteurs.
Premier réglage : la compression... Ceci permet de savoir si les cylindres sont en bon état. En effet, cette mesure des pressions de compression permet de déterminer l'état d'usure du moteur et donc son usure. Pour cela il faut donc une sonde de pression (compressiomètre), des muscles et des assistants. La mesure se fait pour chaque cylindre et la pression se prend en mettant la sonde au lieu et place des bougies et en démarrant le moteur. Les mesures commencent, les moteurs vrombissent, la pression monte... Bilan : les trois voitures passent le test haut la main... bon même si les Spit ont le troisième cylindre un peu plus faible..
Deuxième réglage : les culbuteurs... Ceci permet de r
égler la fermeture totale des soupapes sans laquelle l'étanchéité du cylindre serait fortement compromise avec les inconvénients et dégâts qui en découleraient. Pour cela il faut donc une cale de 0,3 mm (à vérifier pour chacun dans le manuel d'atelier), une clé de 13, un tournevis et beaucoup de patience. Les mesures commencent, le silence s'installe, la sueur coule... Bilan : « on règle par pinaillage car vraiment tout est nickel ! ».
L'heure tourne, la cloche sonne ! Fin de la première journée... A demain, ne remontez rien car nous parlerons de l'allumage... et de tout le reste ! Et voilà un avant-gout de notre stage de mécanique appliqué à nos voitures. Ce qui s'est passé les autres jours... et bien c'est simple : tels des bolides nous sommes partis sur le sinueux chemin du réglage de l'allumage, les méandres du circuit de carburation et puis pied sur la pédale de frein avec démontage des tambours et des disques, entre autres.
En bref et en guise de conclusion, ce stage fut :
- organisé et préparé avec beaucoup de soin par Alain Brechet, un grand merci Alain,
- mené de main de maître par les enseignants du lycée Jenatzy, à qui nous tirons notre chapeau,
- salutaire pour ne pas dire indispensable sur l'état de nos connaissances en matière de mécanique,
- rassurant sur les opérations à programmer sur nos véhicules, car il y en a et en aura toujours !
Et puis:
- merci pour le petit cadeau, qui s'avère indispensable, un jeu de cales Facom,
- merci pour les croissants et le café,
- merci pour la joie et la bonne humeur,
- merci pour les trucs et astuces à revendre,
- merci Alain pour le petit verre de fin...
Enfin, OUI nous avons le sourire en soulevant notre capot, non pas parce que tout va bien, mais parce que nous comprenons pourquoi ça ne va pas !
Personnellement, c'était la raison de ma participation au stage et tous les objectifs ont été atteints, même si j'ai cassé un goujon, que je dois changer un flexible de frein et remettre en ordre mon allumage... Mais maintenant, je sais le faire et je vais le faire en toute tranquillité !
J'espère vous avoir donné envie de participer à ce stage et pourquoi. Alain sait que nous le tannons un peu sur le sujet : faire un niveau 2 sur des parties plus ardues et plus lourdes, comme la boite de vitesse, l'embrayage...
Le point de vue de l'organisateur
par Alain Bréchet
Assurément, le stage de mécanique organisé par le Triumph Club de France au Lycée Camille Jenatzy à Paris, en ce début avril frisquet, fut haut en couleur et en passion. Pour les couleurs, c'était « Royal Blue », « Green Racing » et « XXX » pour les deux Spitfire et la TR4A rassemblées pour l'occasion.
Passion surtout, grâce à la compétence et au dynamisme de l'équipe enseignante, à sa sensationnelle disponibilité pour répondre à toutes les questions, de la plus basique à la plus loufoque. Passion de transmettre un savoir, un savoir-faire et même un savoir-être face à des pannes inopinées. Passion de rendre simples des notions paraissant hors d'atteinte quelques heures auparavant.
Tout le groupe de participants du Triumph Club de France a appris, revu et progressé, chacun à son rythme, dans une ambiance décontractée mais studieuse. Même lors des repas, on parlait tous mécanique, histoire de la mécanique ou course, et cela couvrait toutes les marques automobiles et pas seulement les Triumph. Pas de sectarisme au Triumph Club de France !
Alors, si Camille Jenatzy avait surnommé sa voiture à record « La Jamais Contente », les participants eux, étaient enchantés et se donnent déjà rendez-vous l'année prochaine pour un stage niveau 2... Le virus est bien rentré.
Nos sincères remerciements à toute l'équipe pédagogique et une mention spéciale à l'attention de Régis, qui quitte l'éducation en juin : savoir fantastique, pédagogie hors pair, « Mc Gyver » de la mécanique... et coup de volant efficacement agressif. Comme il le dit : « Quand tu as l'aiguille du compte-tours qui va dans la boîte à gants, il faut être vigilant ! ».
