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Tempête sur l’Angleterre… Au tout début des années 80, l’automobile britannique connaît une crise sans précédent. Le groupe British-Leyland est confronté à de grandes difficultés dans un climat social tendu. L’entreprise rassemblant un grand nombre des firmes concurrentes en difficulté est devenue un monstre tentaculaire ingérable. Le vieillissement de gammes souvent redondantes et l’arrivée de nouvelles normes imposent un renouvellement complet de l’offre.
Les marques emblématiques du groupe, pour ne citer que les plus connues, Austin, Morris, MG, Riley et Wolseley s’effondrent. Jaguar est en proie à la concurrence des voitures allemandes de haut de gamme. Land-Rover survit dans son marché de niche. Rover connaît pourtant un certain succès, mais uniquement grâce à son modèle SD1, particulièrement réussi.
La crise est grave et la marque Triumph est au plus mal. En 1980 l’usine de Canley est définitivement fermée, entrainant l’arrêt de la production des Triumph Spitfire et Dolomite. La fin est proche : le 5 octobre 1981 les dernières Triumph TR7 et TR8 tombent des chaînes de l’usine de Solihull. La direction du groupe ne peut plus compter sur les ressources internes de l’entreprise, tant humaines que financières. Pour assurer l’avenir, elle recherche une solution à moindres frais.
De son côté, Honda connaît un succès extraordinaire avec son modèle Civic. Des quotas d’importation drastiques freinent ses ventes en Europe, mais il existe une manière de contourner ce protectionnisme. En effet, la Communauté Européenne considère comme européenne toute voiture construite sur le sol de la Communauté, dès lors que plus de 50% des composants sont produits sur place.
Honda approche donc le groupe British-Leyland et lui propose d’assembler la version tri-corps de la Civic II, la Honda Ballade, puis de la diffuser sous la marque Triumph. Ce sera la Triumph Acclaim dont il est question ici. Certes, cette voiture ne bénéficiera pas de la même notoriété que roadsters et cabriolets sportifs « so british », mais ce sera un succès commercial inespéré. La firme Triumph ne s’est-elle pas déjà octroyé une solide réputation en construisant également des berlines haut de gamme ou sportives ?
Produite de 1981 à 1984 sur le sol britannique, la dernière Triumph connaitra donc une véritable « success story », la production totale s’élevant à 133.600 exemplaires, un record dans le contexte de l’époque. Il convient de préciser que Honda s’était interdit d’importer son modèle Ballade en Europe, alors que cette auto, tout comme la Civic, connaissait un très large succès à l’échelle mondiale.
Le groupe British-Leyland, en grande difficulté financière, fera ainsi l’économie des frais d’étude et de développement. La recherche de l’économie d’échelle est partout : une seule berline tri-corps, un seul moteur, quelques différences peu visibles avec la version d’origine japonaise, comme l’adoption d’un carburateur à double corps et le recours à un train avant de type McPherson. Pour séduire le marché européen, la finition intérieure est beaucoup plus élaborée, avec divers niveaux de finition : L HL HLS et CD. Avec son moteur de 70 CV, elle peut rouler à 150 kilomètre-heure, mais elle ne fera pas oublier la performante Dolomite Sprint.
L’embellie de Triumph sera de courte durée. En 1984, le groupe British-Leyland retient la firme Rover pour produire le modèle qui succèdera à l’Acclaim. Ce sera la Rover 200, dérivée de la toute dernière Honda Ballade. Et depuis maintenant plus de trente ans, la Fée Triumph sommeille en attendant son prince charmant…
Et demain ?... Aujourd’hui, c’est le groupe BMW qui tient entre ses mains le sort de Triumph. Après la débâcle du groupe British-Leyland, la firme de Munich a racheté les constructeurs à forte notoriété, Mini, Jaguar et Land-Rover, avant de céder les deux derniers au groupe indien Tata. S’il a conservé des marques réputées, comme Triumph, c’est qu’il en a l’utilité. Ces dernières années, BMW a bien présenté quelques prototypes laissant augurer d’une renaissance probable de la marque Triumph, mais jusqu’à aujourd’hui ces projets sont restés sans lendemain. Gardons toutefois espoir…
L’Acclaim d’origine japonaise n’était certes pas une Triumph purement britannique, mais une métisse qui sut faire bonne figure au pays de sa Gracieuse Majesté.
Le Triumph Club de France, club de toutes les Triumph, ne pouvait ignorer la dernière voiture arborant les couleurs de la marque légendaire.
Fiche technique
Moteur 4 cylindres en ligne, essence
Carburant Essence
Disposition Transversale avant
Cylindrée 1.335 cm³
Alésage-course : 72 x 82 mm
Compression 8,4:1
Puissance maxi 70 Cv à 5.750 tours/minute
Distribution Arbre à cames en tête
Alimentation Carburateur double corps horizontal
Transmission Traction
Boîte de vitesses Manuelle à 5 rapports ou automatique à 3 rapports
Direction Crémaillère
Suspension AV Roues indépendantes et ressorts hélicoïdaux
Suspension AR Roues indépendantes et ressorts hélicoïdaux
Longueur 4.095 mm
Largeur 1.600 mm
Hauteur 1.340 mm
Empattement 2.320 mm
Voie AV 1.360 mm
Voie AR 1.380 mm
Pneus AV et AR 155 x 13
Freins AV Disques
Freins AR Tambours
Vitesse maximale 154 kilomètre-heure
Réservoir 46 litres
Poids 809 kilogrammes